INRA de Mirecourt (88)

COPPECS

COPPECS </br>CO-régulation Publique Privée du Conseil et des Standards pour la santé animale en élevage biologique

Le projet COPPECS visait à examiner les déterminants socio-économiques de l’adoption, en élevage biologique, de pratiques sanitaires alternatives à l’usage d’antibiotiques, en envisageant à la fois le rôle des filières dans la définition des règles et des pratiques d’élevage, appréhendées à travers la définition de standards et de normes de production, et l’influence des professionnels de la santé animale, à travers l’analyse des réseaux de conseil. Le projet reposait sur deux hypothèses : l'existence d'une diversité de pratiques sanitaires chez les éleveurs biologiques, et le fait que cette diversité de pratiques tient à des facteurs individuels mais surtout collectifs (organisation des filières, réseaux de conseil) qui sont peu étudiés.

Le premier volet cherchait à analyser l'impact des standards et cahiers de charge des filières sur les pratiques sanitaires des éleveurs. La première phase a consisté en une série de 60 enquêtes sur les pratiques et standards d'éleveurs dans 3 filières (bio, label rouge et conventionnel) en bovins allaitants, dans l’Aveyron. Cela a donné lieu à la constitution d'une base de données et d'une première analyse statistique sur les pratiques d'usage des antibiotiques. La suite de travail impliquait d'augmenter la taille de l’échantillon par de nouvelles enquêtes et de mobiliser les bases de données nationales sur quelques indicateurs clés de pratiques sanitaires des éleveurs bio (comparés à ceux des filières de qualité/conventionnel) afin de valider la généricité des résultats.

Le second volet visait à examiner l’influence des professionnels de la santé animale et des dynamiques sociales locales sur les pratiques sanitaires mises en œuvre par les éleveurs biologiques pour gérer la santé et le bien-être de leurs animaux. Il repose sur une approche associant sociologie et sciences animales, et la réalisation d’enquêtes qualitatives sur deux terrains (élevage bovin dans la zone Doubs-Jura, élevage ovin dans le Pays Basque). Une soixantaine d'entretiens ont ainsi été menés auprès d’éleveurs et éleveuses (en AB ou non) et de professionnels spécialistes de la santé animale (vétérinaires, conseillers techniques d'élevage).
Ces enquêtes ont montré que c’est auprès de professionnels spécialistes des approches alternatives de la santé animale que les éleveurs se tournent, pour trouver les moyens de limiter l’utilisation d’antibiotiques et d’antiparasitaires. Si les formations constituent des étapes importantes pour découvrir ces approches, elles ne suffisent toutefois pas pour en acquérir la maîtrise. La combinaison avec d’autres temps d’apprentissage - l’essai en ferme, le travail en groupe d’éleveurs et la consultation individuelle de spécialistes – apparaît nécessaire pour une réelle appropriation par les éleveurs de ces approches.
De plus, la transition vers une approche globale de la santé s’appuie sur l’articulation entre des techniques de prévention, liées à la conduite d’élevage, et le recours à des médecines alternatives, selon des modalités propres à chaque éleveur. Elle passe également par le développement de compétences au niveau de l’observation directe des animaux, qui permettent une détection précoce des troubles de santé. Ainsi, les approches alternatives de la santé conduisent les éleveurs à se réapproprier la dimension relationnelle et sensible de leur métier, propre au travail avec le vivant.

Ce projet est porté par M’hand FARES (INRAE) mhand.fares @ inrae.fr, pour le volet 1, et par Florence Hellec (INRAE) florence.hellec @ inrae.fr pour le volet 2.

Financé dans le cadre du programme AgriBio4, il est prévu pour une durée de 3 ans (2015-2018).

Résultat marquant #1 : Approches alternatives en santé animale : quels usages en élevage ?

Les approches alternatives en santé animale sont devenues courantes dans les élevages, bien que leur efficacité soit contestée par nombre de scientifiques et de vétérinaires. Pour saisir les raisons de ce succès, nous nous sommes attachés à examiner les usages qu’en font les éleveurs, à partir d’enquêtes qualitatives conduites sur deux territoires d’élevage (l’élevage bovin laitier en Franche-Comté et l’élevage ovin laitier au Pays basque), associant entretiens avec des éleveurs et professionnels en santé animale et phases d’observation de formations destinées aux éleveurs. Ainsi, les éleveurs articulent différentes méthodes pour la gestion de la santé de leur troupeau, le recours aux approches alternatives leur apportant des compétences d’observation directe de l’état de santé et de bien-être de leurs animaux.

Présentation du projet

Les réalisations de COPPECS (fiche du séminaire de bilan - novembre 2019)

Diaporama au séminaire de bilan - novembre 2019

Le projet soumis (2015)

Publications scientifiques

Cabaret J. (2017) Parasitisme interne des ruminants (strongles) et utilisation du pâturage : comment faire durablement bon ménage ?
Revue Fourrages 229 : 37-45  (en accès libre)
Hellec Florence et Manoli Claire (2018) Soigner autrement ses animaux : la construction par les éleveurs de nouvelles approches
thérapeutiques, Économie rurale, 363. DOI : 10.4000/economierurale.5384.

Hellec Florence, Manoli Claire et de Joybert Manon (2021) Alternative Medicines on the Farm: A Study of Dairy Farmers' Experiences in France Front. Vet. Sci., 25 February 2021  DOI : 10.3389/fvets.2021.563957

Publications à destinations des professionnels et du public

Hellec, F., Manoli, C., Douine, C. (2017) La santé des ovins laitiers biologiques au Pays Basque. Pratiques d'éleveurs et place du conseil. 4 p. 

Date de modification : 05 juillet 2023 | Date de création : 30 juin 2015 | Rédaction : AV