Fabacées

Dégâts des pucerons sur les fabacées

Fabacées des grandes cultures (pois, féverole, lupin, luzerne, trèfle)

Sur pois on compte plusieurs maladies virales transmises par pucerons. La mosaïque-énation du pois (PEMV) peut entraîner une réduction de la production en graines d’environ 40 % en cas d’infection tardive et à 100 % en cas d’infection précoce. Le puceron du pois (Acyrthosiphon pisum) et le très polyphage puceron vert du pêcher (Myzus persicae) en sont les principaux vecteurs selon le mode persistant. Ils introduisent le virus dans la parcelle en provoquant la formation de foyers, puis le disséminent au gré de leurs déplacements. Entre deux périodes de culture, le virus se maintient dans des légumineuses sauvages ou fourragères. La lutte chimique permet de limiter la dissémination du virus à partir des foyers déjà constitués au sein de la parcelle, mais elle ne protège pas contre la création de nouveaux foyers par des pucerons infectieux venant de l’extérieur.

En culture de pois protéagineux, une autre maladie virale, la mosaïque du pois, transmise par la semence (PSbMV), peut occasionner des pertes de rendement de l’ordre de 15 %. Le virus, introduit par la graine, est ensuite disséminé par les pucerons selon le mode non persistant. Un contrôle de la qualité des semences permet maintenant d’éliminer les lots infectés.

Les autres maladies virales comme le jaunissement des veines du trèfle (CYVV) ou l’enroulement du haricot (BLRV) sont de moindre importance.

Avant la floraison, le puceron du pois (Acyrthosiphon pisum) s’observe sur ou sous les feuilles. Ensuite il colonise les boutons floraux, les fleurs, puis les gousses. En plus des dégâts liés à la transmission de virus, il provoque aussi des dégâts directs par prélèvements de sève, entraînant ainsi l’avortement des fleurs et la diminution du rendement, du poids de 1 000 grains et du nombre de gousses. Les hivers doux favorisent la précocité de ses attaques au printemps. Les pertes enregistrées peuvent atteindre 20 q/ha. À côté de cette espèce, on trouve aussi le puceron noir de la fève (Aphis fabae), qui est fréquent sur les feuilles et les tiges.

La lutte contre les pucerons est uniquement curative. Il est conseillé d’intervenir au début de la phase de croissance rapide de la population, lorsque le seuil de 30 pucerons par tige est atteint. Ceci se situe généralement pendant la floraison.

Le principal ravageur de la féverole est le puceron noir de la fève (Aphis fabae). Cette espèce forme des colonies en manchon autour des tiges. Ce puceron est à l’origine de pertes de rendement importantes, en particulier dans l’Est de la France lorsqu’il s’établit précocement.

Sur lupin, on peut observer des attaques du puceron du lupin (Macrosiphum albifrons). Originaire du continent américain, il a été introduit en Europe en 1981 et observé pour la première fois en France en 1988. Actuellement il demeure peu fréquent.

Sur la luzerne, le puceron du pois (Acyrthosiphon pisum) est l’espèce la plus abondante. Une coupe anticipée peut réduire considérablement ses effectifs. Le puceron de la vesce (Megoura viciae), le puceron noir de la luzerne (Aphis craccivora) et le puceron de la luzerne (Therioaphis trifolii) sont également fréquents. Les dégâts occasionnés par toutes ces espèces sont de deux sortes : dégâts directs lors de leur pullulation et dégâts indirects en raison de la transmission de virus. Les légumineuses pérennes (luzerne et trèfle) peuvent constituer un réservoir hivernal pour les viroses des légumineuses annuelles comme le pois ou le haricot.

La luzerne subit plusieurs maladies virales. C’est le cas, par exemple, de la mosaïque de la luzerne (AMV) qui provoque des baisses de rendement importantes pouvant aller jusqu’à 70 %. Cette maladie se manifeste au printemps par une mosaïque inter-nervaire et, selon les souches du virus, par un nanisme plus ou moins prononcé. Le virus est transmis par de nombreuses espèces de pucerons sur le mode non persistant et également par les graines issues des plantes infectées.

La mosaïque-énation de la luzerne (LEV) est une grave maladie virale observée depuis 1969. Elle se caractérise par la formation de tumeurs en crêtes-de-coq (énations) pouvant atteindre plusieurs millimètres de hauteur à la face inférieure des nervures principales et secondaires des folioles. Elle est signalée dans le sud de la France et sur le pourtour méditerranéen. La transmission au champ est assurée par des pucerons, notamment le puceron noir de la luzerne (Aphis craccivora), selon le mode persistant. Cette maladie est très dommageable pour les sélectionneurs.

Le trèfle est sensible à de nombreuses viroses dont certaines sont transmises par puceron (mosaïque de la luzerne, mosaïque jaune du haricot, mosaïque du concombre). Sur trèfle, le puceron le plus fréquent reste le puceron du pois (Acyrthosiphon pisum). Le puceron de la luzerne (Therioaphis trifolii) entraîne le dessèchement des feuilles. Le miellat produit par les colonies permet un développement de fumagine.Sur les inflorescences, on peut trouver le puceron du trèfle (Nearctaphis bakeri) et le puceron du prunier (Brachycaudus helichrysi).

Fabacées des cultures maraîchères (fève, haricot, petit pois)

Sur fève, le ravageur le plus important est le Puceron noir de la fève (Aphis fabae). Il forme des colonies de pucerons noir mat, disposées en manchon sur les tiges, principalement aux extrémités. Il provoque un arrêt de croissance, un avortement des fleurs et l’éclatement des gousses fortement attaquées. Un traitement est recommandé si plus de 20% des plantes sont attaquées.

Sur haricot, le Puceron noir de la fève (Aphis fabae) se développe sur tous les organes de la plante, y compris les gousses. Durant la floraison il peut provoquer la coulure des fleurs. Le puceron du pois (Acyrthosiphon pisum) forme des colonies parfois abondantes en été, sur les tiges et les feuilles conduisant à des avortements de fleurs et à une végétation languissante. Les deux espèces présentes sur les gousses entraînent des chutes de rendements et des pertes à la vente (gousses non consommable). Elles transmettent également des maladies à virus (BCMV et BYMV). Le puceron des racines Smynthurodes betae peut faire dépérir la plante en cas de fortes attaques. On le trouve en juin sur racines où il forme des manchons de pucerons sphériques, blanc crémeux.

Sur petit pois, les maladies à virus, transmises par pucerons, sont également importantes. La Jaunisse apicale du pois (PeLRV) provoque un arrêt de croissance et un jaunissement de la plante, la nouaison et le grossissement des gousses sont arrêtés. C’est le virus le plus fréquent dans le Midi de la France. La Mosaïque-énation du Pois (PEMV) sévit plutôt dans le Nord de la France.  Ces deux virus sont transmis selon le mode persistant par plusieurs espèces de pucerons. On trouve aussi une souche pois de la Mosaïque jaune du haricot (BYMV). Le puceron du pois Acyrthosiphon pisum colonise les feuilles et les stipules. Des pullulations précoces, dès la fin du mois d’avril, peuvent entraîner un épuisement de la plante, un avortement des fleurs et une réduction des grains. Ces dégâts directs restent cependant occasionnels. Le seuil de dégâts dus à cette espèce est atteint lorsqu’on dénombre environ 30 pucerons pas extrémité de tige, à l’approche de la floraison.

Date de modification : 07 février 2023 | Date de création : 03 juillet 2014 | Rédaction : Maurice Hullé, Evelyne Turpeau, Charles Dedryver, Yvon Robert, Yves Monnet