Poacées

Dégâts des pucerons sur les poacées

Trois espèces de pucerons sont fréquentes sur blé, orge et maïs : le puceron des céréales et du merisier à grappes (Rhopalosiphum padi), le puceron des épis (Sitobion avenae) et dans une moindre mesure le puceron des céréales et du rosier (Metopolophium dirhodum). Le premier est particulièrement abondant sur maïs en fin d’été et début d’automne, et sur les céréales d’hiver semées précocement (début octobre). Les deux autres ont une dynamique plutôt printanière sur orge et surtout blé où Sitobion avenae peut diminuer le rendement de 10 % et plus lorsqu’il pullule du début de l’épiaison au remplissage du grain. En fin d’automne, les colonies de l’espèce Rhopalosiphum maidis sont fréquentes sur repousses d’orge, puis sur jeunes semis d’orge également. Elles ne paraissent pas occasionner de dégâts significatifs sur ces derniers.

En fin de végétation du maïs, on peut voir des feuilles et des panicules recouvertes de colonies de Rhopalosiphum padi excrétant du miellat sur lequel se développent des fumagines. Les dégâts résultent d’une réduction de la photosynthèse qui peut entraîner un avortement des grains.

Ces pucerons peuvent également se développer sur graminées fourragères avec une certaine spécificité d’hôte : ainsi on trouvera essentiellement Rhopalosiphum padi sur le ray-grass, Sitobion avenae sur le dactyle et Metopolophium dirhodum sur les fétuques. Une quatrième espèce est assez fréquente sur feuilles de plusieurs graminées, Metopolophium festucae. Sur le collet et les racines, on peut trouver des espèces de pucerons souterraines comme Anoecia spp. et Tetraneura spp.

Rhopalosiphum padi, Sitobion avenae et Metopolophium dirhodum sont les principaux vecteurs des virus de la jaunisse nanisante de l’orge (BYDV et/ou CYDV). Ces virus sont transmis sur le mode persistant: à la fin de l’été, les pucerons (surtout les Rhopalosiphum padi, qui sont les plus nombreux) ont acquis les virus sur les repousses de céréales à paille, le maïs et les graminées fourragères, et les transmettent aux semis d’orge et de blé qui ont pu lever avant la fin des vols de pucerons (début novembre dans la moitié nord de la France). Sur céréales d’hiver les symptômes se manifestent en février. Ils sont particulièrement violents chez l’orge (mortalité de plantules, jaunissement des feuilles, tallage aberrant) et s’amplifient au printemps (mauvaise montaison, faible épiaison, petits grains). Les orges de printemps sont extrêmement sensibles aux contaminations printanières, effectuées essentiellement par Metopolophium dirhodum et Sitobion avenae.

Les symptômes sont plus légers chez le blé (plantes adultes légèrement plus petites et rougissement de la dernière feuille) que chez l’orge, mais les baisses de rendement, qui peuvent atteindre plusieurs dizaines de quintaux à l’hectare, sont du même ordre de grandeur sur les deux cultures à date de semis identique. Sur maïs la jaunisse nanisante de l’orge est transmise au printemps par les pucerons provenant des céréales et des graminées fourragères infectées. Elle y est souvent asymptomatique, néanmoins on peut parfois observer des rougissements des bords des limbes. Les pertes de rendement semblent rares et faibles. Rhopalosiphum padi, Sitobion avenae, ainsi que de nombreuses espèces non inféodées aux graminées, transmettent sur le mode non persistant le virus de la mosaïque nanisante du maïs (MDMV), maladie assez fréquente en zone méditerranéenne.

Les virus de la jaunisse nanisante de l’orge sont capables d’infecter toutes les graminées fourragères. On observe rarement des symptômes, sauf chez le raygrass (rougissement ou jaunissement des feuilles âgées). La striure du dactyle (CSV) est également transmise par les pucerons des graminées selon le mode non persistant. Les graminées fourragères constituent ainsi des réservoirs de maladies à virus transmises par de nombreuses espèces de pucerons.

Les traitements insecticides ne concernent que l’orge et le blé au semis à l’automne contre les vecteurs des virus de la jaunisse nanisante de l’orge, et que le blé au printemps contre Sitobion avenae. Dans le premier cas, l’enrobage des semences avec un insecticide systémique néonicotinoïde permet d’éviter la dissémination des virus dans la parcelle. On peut également utiliser des traitements foliaires avec un pyréthrinoïde au stade plantule. Il existe un outil d’aide à la décision (OAD) permettant de décider du traitement. Celui-ci permet de piloter les traitements en fonction d’une simulation des populations de pucerons à partir de l’épiaison. Dans le cas de Sitobion avenae au printemps, seuls des traitements foliaires sont possibles. Ils ne sont pas nécessaires si moins de la moitié des épis sont infestés à l’épiaison.

Date de modification : 07 février 2023 | Date de création : 03 juillet 2014 | Rédaction : Maurice Hullé, Evelyne Turpeau, Charles Dedryver