Lutte chimique

Lutte chimique

Les produits de la chimie de synthèse se sont avérés d'une grande efficacité pour contrôler les populations de pucerons. Cependant une stratégie fondée sur leur emploi immodéré a montré ses limites et est contestée pour ses conséquences sur la santé humaine et l'environnement.

Molécules de synthèse

Les premiers traitements à base de nicotine, produit d'origine naturelle datent des années 1920. Avec le développement de l’industrie chimique, de nombreux produits insecticides ont été créé. L'offre d'insecticides a rapidement augmenté, avec la mise sur le marché des organochlorés dans les années 1960, des organophosphorés, des carbamates puis des pyréthrinoïdes de synthèse au début des années 1980. Ces derniers sont de loin les plus employés actuellement contre les pucerons par pulvérisation directe sur les plantes.
Au cours de cette période, les doses préconisées sont allées en diminuant, de même la toxicité des matières actives (MA) : entre 1970 et 2000, les doses de MA conseillées à l'hectare ont été en moyenne divisées par 10. Dans le même temps, les produits sont devenus plus sélectifs, respectant d'avantage mais de manière encore très insatisfaisante la faune auxiliaire des ennemis des pucerons. Ils sont également devenus dégradables rapidement après leur emploi, diminuant ainsi la quantité de résidus décelables dans la chaîne alimentaire. La lutte chimique a favorisé la sélection de clones de diverses espèces de pucerons résistant à la plupart des familles d'insecticides.

Aujourd'hui la réglementation a limité le nombre de molécules et leur emploi.

Ce sont en effet des substances puissamment toxiques pour le système nerveux, central et ou périphérique. Leur neurotoxicité explique à la fois leur efficacité sur les insectes et leurs effets toxiques chez l'homme. Des évolutions réglementaires récentes sont à l'origine du retrait de nombreuses substances actives, notamment organophosphorées et carbamates. Actuellement, les pyréthrinoïdes sont les insecticides le plus souvent employés dans les formulations à usage agricole car ils bénéficient d’un meilleur rapport efficacité/toxicité. Les nouvelles molécules, fipronil et imidaclopride, pourtant intéressantes du point de vue de la sécurité des opérateurs, ont subi d'importantes restrictions d'emploi en raison d'effets délétères supposés sur les populations d'abeilles.

Mode d’action

Les insecticides peuvent agir par contact, ou après absorption de la sève (produit systémique). Il existe aussi des produits à mode intermédiaire (translaminaires).
Les huiles de pétrole qui agissent par asphyxie, sont utilisées en vergers et pépinières en traitement d’hiver pour détruire les œufs de pucerons. Les limitations de pullulations de pucerons peuvent se faire à l’aide de produits systémiques qui présentent divers avantages.
· Les pucerons qui s’alimentent de sève, seront intoxiqués
· L’insecticide peut être employé en traitement de semence : il diffusera dans la plante lors de la germination.
· Enfin, les ennemis naturels ne seront pas intoxiqués mais ils risquent de souffrir du manque de proies…
Les traitements de semences sont autorisés pour la lutte contre les pucerons vecteurs de virus de cultures annuelles (blé, orge, betterave). Ils présentent néanmoins le gros inconvénient d’être obligatoirement effectués de manière systématique, puisqu’on n’a aucun moyen de prévoir le risque au moment du semis des graines traitées

Dans l'état actuel des techniques, la lutte chimique doit être utilisée avec discernement pour en limiter ses effets indésirables.

Date de modification : 07 février 2023 | Date de création : 21 mars 2011 | Rédaction : Evelyne Turpeau, Maurice Hullé, Bernard Chaubet