Rapport INCa second cancer 2013

Publication du rapport INCa « Identifier et prévenir les risques de second cancer primitif chez l’adulte »

Dans ce rapport, l’Institut national du cancer (INCa) décrit la problématique de la survenue d’un second cancer primitif en présentant les facteurs de risque associés et des pistes d’actions de prévention à développer. Il apporte également des précisions sur la nature des risques de second cancer primitif par localisation de cancer.

Définition

Un second cancer primitif est une nouvelle tumeur primitive infiltrante diagnostiquée chez un individu ayant déjà eu un cancer et qui n’est ni une récidive, ni une métastase du premier cancer.

Contexte

En France, d’après les dernières estimations, 3 millions de personnes ont des antécédents personnels de cancer. Cette population est en augmentation, du fait de la hausse de l’incidence des cancers et de l’amélioration de la survie après cancer. Identifier les besoins de ces personnes est un nouveau défi à relever, au premier rang duquel figure la prévention d’un second cancer primitif, événement susceptible de modifier la survie en entachant le pronostic vital à court, moyen ou long termes.

Les facteurs de risques de second cancer primitif

Certains facteurs de risques de second cancer primitif ont été identifiés :

  • des facteurs intrinsèques à l’individu comme la prédisposition génétique au cancer ;
  • des facteurs liés au premier cancer diagnostiqué, comme un âge jeune au diagnostic du premier cancer, la localisation du premier cancer (cancers des voies aérodigestives supérieures, de l’œsophage, du poumon ou lymphome hodgkinien) ou l’exposition à certains protocoles thérapeutiques ;
  • des facteurs liés aux comportements comme le tabagisme et certains facteurs nutritionnels.

Focus sur les facteurs nutritionnels augmentant le risque de second cancer primitif : la consommation de boissons alcoolisées, la surcharge pondérale

Dans le cadre de la réalisation de ce rapport, en 2010, le réseau NACRe a été sollicité afin de réaliser une revue systématique de la littérature sur le thème nutrition et risque de survenue de second cancer primitif, qui par la suite a été complétée par la réalisation de méta-analyses.

Pour deux facteurs nutritionnels, les données scientifiques disponibles permettent d’établir une association avec le risque de second cancer primitif :

Consommation de boissons alcoolisées

La consommation de boissons alcoolisées au diagnostic d’un cancer des voies aérodigestives supérieures (VADS : cavité buccale, pharynx et larynx, œsophage) est associée à une augmentation du risque global de second cancer primitif, et plus particulièrement d’un second cancer des VADS, pour lequel une relation dose-réponse significative est observée.

Surcharge pondérale

L’obésité au diagnostic d’un cancer du sein est associée à une augmentation du risque de second cancer primitif dans plusieurs localisations : sein controlatéral, sein, endomètre et côlon-rectum. De plus, l’existence d’une relation dose-réponse entre l’indice de masse corporelle et le risque de second cancer primitif (sein controlatéral, sein, endomètre) démontre une association plus largement liée à la surcharge pondérale (surpoids ou obésité).

Des pistes de recherche ont été identifiées :

  • Concernant la consommation de boissons alcoolisées et la surcharge pondérale, des études complémentaires sont souhaitables, en particulier des études d’intervention visant à évaluer l’efficacité de la réduction de ces facteurs de risque, après diagnostic de cancer, sur le risque de second cancer primitif.
  • Pour les autres facteurs nutritionnels, notamment les éventuels facteurs protecteurs (ex : activité physique, consommation de fruits et de légumes), les données scientifiques sont encore insuffisantes voire inexistantes et mettent en évidence les besoins de recherche sur des cohortes de patients.

Ainsi, la consommation de boissons alcoolisées et la surcharge pondérale, facteurs de risque modifiables présents lors d’un premier cancer, augmentent le risque de développer par la suite un second cancer. Ces résultats soulignent l’importance des politiques de prévention primaire visant à réduire la consommation de boissons alcoolisées et la prévalence du surpoids et de l’obésité (via la promotion d’une alimentation équilibrée et diversifiée, et la pratique d’une activité physique régulière).

Plus largement, la réduction des facteurs de risques modifiables de second cancer primitif, intégrant l’arrêt du tabagisme qui constitue un enjeu majeur, s’inscrit dans une démarche globale de prévention tertiaire visant à préserver à long terme la santé du patient. L’annonce d’un diagnostic de cancer semble propice aux changements de comportements. Au cours de la prise en charge d’un cancer, les professionnels de santé sont des acteurs clés pour accompagner le patient dans cette démarche de prévention.
 

Date de création : 18 décembre 2013 | Rédaction : NACRe