Marliac

Gaëlle Marliac (INRA Avignon - UR Plantes et systèmes horticoles) - novembre 2011 à novembre 2014

Intensification de l’agriculture biologique : conséquences sur la régulation des phytophages en vergers de pommiers -2014

L’agriculture biologique (AB) est classiquement comparée à l’agriculture conventionnelle. Elle est alors souvent considérée comme plus favorable à la biodiversité que l’agriculture conventionnelle, même si certaines études montrent un effet négatif ou une absence d’effet de l’AB par rapport à l’agriculture conventionnelle pour certains taxons (Bengtsson et al. 2005; Garratt et al. 2011; Hole et al. 2005; Winqvist et al. 2011). Cela peut s’expliquer par le fait que l’AB ne se différencie pas seulement par le remplacement des produits phytosanitaires de synthèse par des produits autorisés en agriculture biologique mais aussi par la mise en oeuvre d’autres pratiques comme l’implantation d’un couvert végétal. 

L’AB dispose d’une large gamme de pratiques visant à limiter les ravageurs et/ou à favoriser leur contrôle biologique via leurs ennemis naturels.
Les objectifs de cette thèse sont : 
(i) d’établir un état des lieux de la diversité des stratégies de protection mises en place par les producteurs en AB pour lutter contre les deux ravageurs majeurs en vergers de pommiers, le carpocapse des pommes et le puceron cendré et d’identifier les pratiques permettant une
diminution de l’usage des pesticides ;
(ii) d’évaluer si ces pratiques ont un effet sur les communautés des prédateurs généralistes présentes dans la couronne ;
(iii) d’estimer le rôle fonctionnel des prédateurs généralistes en mesurant la fonction de prédation en vergers de pommiers. En prenant comme cas d’étude les vergers de pommiers du Sud-Est de la France, nous avons dans un premier temps réalisé un état des lieux de la diversité des pratiques de protection mises en place en agriculture biologique à l’échelle de l’exploitation. Suite à une série d’enquêtes chez les producteurs, quatre stratégies de protection avec différentes combinaisons de pratiques ont été définies. Un suivi des ennemis naturels dans des parcelles-types a permis de mettre en évidence des communautés d’ennemis naturels différentes selon les stratégies de protection.

Dans un deuxième temps, nous avons étudié le lien entre la diversité des prédateurs généralistes et la régulation biologique (ici, la prédation des œufs de carpocapse). Cette étude a été réalisée sur 20 parcelles en AB caractérisées par différents usages de pesticides biologiques. Cette étude a permis de mettre en évidence des taux de prédation différents et une variabilité des communautés d’ennemis naturels selon les parcelles et d’identifier les ennemis
naturels corrélés à la prédation des oeufs.

Dans un troisième temps, notre étude s'est portée sur une modification particulière de l'habitat, l’enherbement de l’inter-rang, une pratique mise en place par les producteurs et facile à gérer, notamment via l'intensité de fauche. Nous avons voulu déterminer, à l’aide d’une approche expérimentale en verger, si cette modification était un levier efficace pour augmenter l'abondance et la diversité des ennemis naturels et donc la régulation, soit au niveau de la
canopée (prédation des œufs de carpocapse) soit au niveau du sol (prédation des larves de carpocapse). La communauté d’ennemis naturels dans l’arbre est apparue peu impactée par la hauteur d’enherbement ; seul Forficula pubescens est plus abondant lorsque le couvert végétal est haut (1m20). La prédation des œufs est quant à elle plus forte, aux mois de juillet et août, lorsque le couvert végétal est ras (5cm). La prédation des larves n’est pas différente selon la hauteur du couvert végétal.

Cette thèse a permis de mettre en évidence une diversité des stratégies de protection en vergers de pommiers en AB. Elle a montré une variabilité des communautés d’ennemis naturels au sein de l’AB. Elle illustre la complexité du lien entre pratiques agricoles, ennemis naturels et prédation des bioagresseurs.

Mots clés : Agriculture biologique, diversité des pratiques de protection, enherbement, ennemis naturels, prédation.

Direction

Françoise Lescourret, Yvan Capowiez (Inra - UR PSH), Servane Penvern (Inra, UR Ecodeveloppement).

Voir aussi

Gaëlle Marliac. Intensification de l'agriculture biologique : conséquences sur la régulation des phytophages en vergers de pommiers. Biologie végétale. Université d'Avignon, 2014. Français. <NNT : 2014AVIG0661><tel-01163396>

Date de modification : 05 juillet 2023 | Date de création : 28 octobre 2014 | Rédaction : AV