La canicule

La canicule fait basculer une forêt méditerranéenne de puits à source de carbone

La première moitié de l'année 2019 s'est caractérisée par un déficit record de précipitations hivernales et printanières, donnant lieu à un niveau de stress hydrique extrême en ce début d'été, comme le montrent les mesures de potentiels hydriques foliaires.

Le site expérimental de Font-Blanche, situé dans les Bouches-du-Rhônes, a pour vocation l'étude des cycles du carbone et de l'eau dans une forêt méditerranéenne à pins d'Alep et chênes verts. Il fait entre autre partie du réseau européen d'observation ICOS, dans le cadre duquel les flux de carbone et d'eau entre la forêt et l'atmosphère sont suivis depuis 2007.

La première moitié de l'année 2019 s'est caractérisée par un déficit record de précipitations hivernales et printanières, donnant lieu à un niveau de stress hydrique extrême en ce début d'été, comme le montrent les mesures de potentiels hydriques foliaires.

La récente canicule s'est superposée à cette sécheresse. Même si à Font-Blanche, du fait de la proximité avec la mer, il n'a pas fait aussi chaud que plus à l'intérieur des terres, le 28 juin la température de l’air a atteint 36.3°C, le maximum enregistré depuis le début des mesures. Cela s'est accompagné d'un air très sec, menant à une demande évaporative très élevée pendant plusieurs jours.

Normalement, la forêt répond de manière progressive à la sécheresse, les arbres étant de moins en moins actifs à mesure que l'eau disponible dans le sol diminue, mais elle demeure en général un puits de carbone. Au cours de cette canicule, il est donc notable de constater que la forêt est brutalement passée de puits à source de carbone. Les jours suivants la canicule, elle est retournée au statut de puits de carbone. Cette première observation devra faire l'objet d'analyses plus poussées afin de déterminer les seuils qui ont été franchis, et les enseignements que l'on peut en tirer sur les effets des sécheresses intenses et vagues de chaleurs, dont la fréquence va augmenter avec le changement climatique.

G Simioni, O Marloie, N Martin-St Paul, URFM, INRA Avignon

Predawn water potentials

Figure 1 - En toile de fond de la canicule, un niveau de sécheresse exceptionnel en début d’été, comme l’attestent les mesures de potentiels hydriques foliaires (un indice du stress hydrique subit par les plantes). Plus les valeurs sont basses, plus les arbres sont stressés.

Heat_wave

Figure 2 - La vague de chaleur est bien visible sur les données de température de l’air et de déficit de pression de vapeur d’eau (VPD, un indice de sécheresse de l’air), avec pour conséquence une forte augmentation de la demande éporative (ETP). Durant cette période, les arbres ont moins transpiré (ETR), et surtout, la forêt a cessé de séquestrer du carbone. L’échange net de carbone (NEE) caractérise le flux net de carbone entre l’écosystème et l’atmosphère, une valeur négative indique que la forêt séquestre du carbone, et inversement, une valeur positive indique que la forêt est émettrice de carbone.

Date de modification : 24 septembre 2023 | Date de création : 16 juillet 2019 | Rédaction : URFM